Refuge
Nous avions rendez-vous tout au bout de la jetée, les yeux fermés
Je vacillai à mi-course, les jambes tremblantes par la chaleur du soir, la durée de la course
Tu étais dressée, nue, à l'extrémité, en contrejour de l'incarnat crépusculaire
Auquel tu offrais noire d'encre l'insolente générosité de ton corps
Seins de hautes vagues bordées par l'écume de ta main,
Ta croupe ruisselante d'appels imposant le silence aux esprits noctambules
Tes yeux follets glissant à même la brume
Tu appelais les orages, tu ouvrais tes jambes aux tempêtes et le vent s'écartait, hypnotisé
Statue formidable au creuset des mondes, là où se mêlaient air, terre et eau, et que nul n'osait défier
Tu dominais les mondes et tu tremblais, pleurant l'immense solitude du plaisir
Pierre Charp, Août 2008